Alors qu'à partir du 9 juin, un retour progressif au bureau s'effectue, employeurs comme salariés ont pris conscience que ce ne sera pas un retour au « monde d'avant ». Une
forme de télétravail pérenne avec plus de jours dédiés qu'auparavant va s'installer et les salariés ne sont plus prêts à l'effectuer dans des conditions matérielles dégradées. Les
conseils d'entreprises pionnières et d'experts du « home office ».
Certaines entreprises ont dès le début de la pandémie pris conscience de la nécessité d'offrir à domicile, un cadre favorable au travail, souvent parce qu'elle l'avait déjà mis en oeuvre sur une partie de leur population. Ceux qui dans « télétravail », ont surtout retenu jusqu'ici la partie « télé » doivent maintenant cesser de bricoler. Les politiques des entreprises qui avaient un peu d'avance sur le sujet et les angles morts soulevés pat les experts sont autant d'expérience sur lesquelles capitaliser.
Plateforme collaborative complète
Au démarrage du « confinement français » le 16 mars 2020, le groupe technologique Alcatel-Lucent Enterprise (ALE) a fait basculer l'ensemble de ses salariés français (1000
collaborateurs) en télétravail. «Nous maîtrisions cette pratique depuis 2008 » explique Eric Lechelard, responsable Ressources humaines de cette filiale de China Xuaxin
Technologies dont le siège français est situé à Colombes dans les Hauts-de-Seine.
Dans le cadre de l'accord de télétravail qui autorise ses collaborateurs à travailler hors du bureau de un à cinq jours par semaine, l'entreprise les a immédiatement tous équipés
d'outils de collaboration tels que la plateforme Rainbow (échanges audio, vidéo, chat, partage d'écran…), d'un PC portable avec un casque et une connexion sécurisée via un
VPN (réseau virtuel privé). Outre une indemnité forfaitaire dite de «télétravail régulier» d'un montant de 10 euros par mois (pour un jour de télétravail par semaine) versé à
chacun des salariés travaillant à distance, ALE fournit également un forfait d'installation du poste de télétravail à domicile (bureau, chaise, écran, clavier, souris…). «Pour nos
salariés en situation de handicap, nous prenons en charge l'intégralité du poste à domicile selon les recommandations médicales » , souligne Eric Lechelard.
Pas de portable sans deuxième écran
Chez GRDF , principal distributeur de gaz naturel en France et en Europe et filiale à 100% d'Engie, la moitié des 11 500 collaborateurs français a basculé dans le télétravail
lors du premier confinement. Dans le cadre de l'accord de télétravail conclu en 2018 (qui arrivait à échéance mi-mai 2020 et qui a été prorogé), la direction des ressources
humaines a fourni un ordinateur portable pour ses personnels en télétravail (avec accès sécurisé) ainsi qu'un deuxième écran pour des raisons de confort. Pour Pascal Leroy,
directeur général de l'entreprise SEREM, spécialisée dans l'aménagement d'espace de bureaux, et de plus en plus sollicité depuis un an pour accompagner l'installation de collaborateurs en télétravail, "la fourniture d'un moniteur fixe à relier à l'ordinateur portable ne relève pas de l'accessoire. Ces derniers n'ont pas été conçus pour travailler sur de longues périodes et peuvent être sources de contraintes posturales gênantes pour le cou, les épaules et le dos » pointe-t-il.
Autre mesure classique mise en oeuvre par GRDF : le versement d'une indemnité forfaitaire de 12,5 euros par mois de «télétravail régulier » pour couvrir l' «achat de
consommables » et une partie de l'abonnement internet. «S'agissant du poste de télétravail, nous prenons en charge la moitié de l'investissement réalisé par nos
collaborateurs, dans l'achat d'une chaise ou d'un bureau, par exemple, dans une limite de 300 euros, indique Patrick Bonneau, le DRH du groupe . En revanche, nous
n'intervenons pas dans la dimension immobilière, à savoir la location d'un espace de travail ou le réaménagement complet d'une pièce ».
Halte au tabouret
L'allocation de GRDF sur le poste de travail est plutôt dans le haut du panier. Mais nombre d'entreprises ne sont pas aussi généreuses. Pascal Leroy observe que «pour
l'instant les sommes engagées ne sont pas encore à la hauteur de l'enjeu qui est de permettre à ses collaborateurs de se retrouver dans les meilleures conditions matérielles pour travailler et donc pour être productif » . Si, dans la mesure du possible, il recommande de disposer d'un espace dédié au télétravail (bureau, chambre non occupé, combles, sous-sol) afin de bien signifier la démarcation travail/privé, l'expert insiste sur la nécessité impérieuse d'investir dans un fauteuil ergonomique (100 à 400 euros). "Les gens y passent entre 6 et 12 heures par jour. Le tabouret ou la chaise du salon sont à proscrire sous peine de voir surgir des douleurs musculaires ou articulaires ou ne pas aggraver des pathologies liées à l'adoption prolongée de mauvaises positions" pointe-t-il. L'idéal ? Un fauteuil doté d'accoudoirs pour reposer ses avant-bras et ainsi libérer ses tensions mais aussi un dossier inclinable doté d'un système fonctionnant comme un ressort afin que le mouvement de la chaise accompagne celui du dos.
Ne pas négliger l'environnement sonore
Enfin, dernier élément crucial pour le bien-être du salarié en home-office : la gestion des nuisances générées par une mauvaise acoustique, si l'on ne dispose pas d'une pièce
pour s'isoler. « L ouïe est le seul sens qui ne se repose jamais vraiment. Lorsqu'on travaille à deux à domicile et que les calls s'enchainent, la situation peut vite devenir
intenable et détériorer la concentration et la performance », avertit Pascal Leroy.
Première solution : installer des rideaux ou des tapis qui possèdent la propriété d'absorber l'énergie sonore. Plus efficace : fixer un ou plusieurs panneaux acoustiques
sur le(s) mur(s). «Cela n'est pas très onéreux et cela évite de réaliser de gros travaux ». Rideaux ou panneaux : c 'est aussi une solution qui autorise la personnalisation. Si vous
n'avez jamais supporté le vert amande du bureau de votre employeur, vous pourrez
vous lâcher sur le bleu-outremer que vous adorerez ou punaiser vos photos préférées.
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